00   Radio des 60’s
« Salut les Copains », la Radio des 60’s
Symbole de la jeunesse des années 60 et 70, « Salut les copains » marquera de son empreinte une société de consommation en plein essor. Lancé en 1959 sur Europe 1 par Daniel Filipacchi et Frank Ténot, l’émission « Salut les copains » rassemblera des millions de jeunes auditeurs autour d’une programmation musicale qui s’adressera en priorité à eux ; une véritable révolution qui trouvera son prolongement dans un mensuel qui naîtra trois ans plus tard. Un vent de liberté et un style de vie venaient de naître... Pour le début des années 60, elle est à la fois le symbole de l’émergence de la jeunesse en tant que force sociale et culturelle autonome, de la modernisation des médias, de la révolution de la radio miniature, de l’appropriation de larges pans de la culture populaire américaine par la France… et aussi, pour toute une génération, d’une excitation et d’une ivresse partagées que n’avaient pas connues leurs devancières. Au commencement, Salut les copains n’est qu’une expérimentation radiophonique tentée une fois par semaine au cours de l’été 1959 par deux figures d’Europe 1, station qui depuis quelques années bouscule le paysage des ondes en France. Pour résumer, c’est la radio sur laquelle on invente le "matraquage" des chansons, la cohérence absolue de la programmation musicale, une mise en scène de la publicité, une modernisation de l’information avec des reportages.

Naissance de l’Emission « Salut les Copains »
Comme bien souvent, il existe dans chaque histoire un terrain propice à son développement. Pour « Salut les copains », c’est par le biais de la musique rock’n’roll que tout commence. Nous sommes en 1959. Depuis quatre ans, Daniel Filipacchi et Frank Ténot animent sur Europe 1 une émission bien connue des amateurs de jazz : « Pour ceux qui aiment le jazz ». Or, si cette musique les renvoie à leur passion, Daniel et Frank comprennent en écoutant les stations américaines qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire de l’autre côté de l’Atlantique. Là-bas, un certain Elvis Presley est devenu l’idole des teenagers, et chacune de ses apparitions déclenche des émeutes. Pour les deux animateurs, il faut réagir. L’idée de créer un nouveau format capable de répondre à la demande de la génération « Baby-Boom » s’impose comme une évidence, d’autant plus qu’en cette fin des années 50 rien n’existe encore pour les ados sur les ondes françaises. « La jeunesse n’est pas une infirmité. Les teenagers ne sont pas forcément des diminués mentaux hystériques » écrira Filipacchi, sûr d’avoir pris la bonne décision. Au cours de l’été 1959, l’émission « Salut les copains » voit le jour, d’abord timidement en étant hebdomadaire pour finalement devenir journalière trois mois plus tard à une heure de grande écoute (l’émission sera programmée du lundi au vendredi de 17 h à 19 h). Il faut admettre que ce chamboulement radiophonique s’explique surtout par le succès grandissant de l’émission. « Salut les copains » déclenche en effet sa petite révolution sur les ondes. Pour les jeunes auditeurs, c’est un appel d’air, et si la musique diffusée ne plait pas à tout le monde, dont le directeur d’antenne, l'émission « Salut les copains » apporte une réponse louable en étant à l'écoute d'une jeunesse ignorée, qui était mise à l’écart de la société.

Programme d’Imitations Américaines…
Sans vouloir faire la fine bouche, la chanson française d’alors penche plutôt vers le concours d’imitation que dans la création pure et distincte. Qu’ils s’appellent "Les chats sauvages" ou "Les chaussettes noires", les groupes français possèdent certes le standing, le look, mais courent tout droit après des chansons qui ne leur appartiennent pas. La vague Yéyé qui suivra n’arrangera rien, bien au contraire, car elle permettra à de nombreux et fragiles chanteurs de faire leur trou dans le métier pour disparaître ensuite sans laisser de traces (Les Croulants, Les Pirates, Claudine Coppin, Billy Bridge, Les Gam’s…). Fort heureusement, certains échapperont à ce naufrage musical en partant à temps ou en trouvant un style parfois à contre-courant, telle Françoise Hardy, l’une des rares interprètes féminines à être également auteure et compositrice de ses chansons, capable d’exprimer avec des mots simples les états d’âmes des gens de son âge (Tous les garçons et les filles - 1963). Pour les fondateurs de « Salut les copains », il devenait essentiel de « créer des vedettes » en effectuant un matraquage grâce à une programmation ciblée. Johnny Hallyday sera le premier à être dans la liste des chouchous. D’autres suivront. De fait, une attention toute particulière s’imposait envers chaque artiste, entre celui ou celle qui arrivait à se hisser en tête des hits et celui ou celle qui ne l’était jamais. Quand surgira le Yéyé en 1961/62, des chanteurs et chanteuses de la génération précédente à Johnny, Sylvie ou Eddy, chercheront à se glisser parmi les jeunes élus. Ce sera le cas d’Anny Cordy, d’Eddy Constantine ou de Lenny Escudero. Il va de soi que ces artistes-là seront considérés par les jeunes du baby-boom comme des has-been, des ringards. Seuls les grands noms de la chanson française comme Georges Brassens, Jacques Brel, Charles Aznavour ou Jean Ferrat sauront conserver à leurs yeux une certaine estime, au point d’être invités occasionnellement dans le futur magazine. C’est une question de sens et de profondeur dans leurs textes qui leur a permis d’être admis dans le cercle des vedettes « Salut les copains ».

JOHNNY HALLIDAY
SYLVIE VARTAN
EDDY MITCHELL
SHEILA