
Naissance du Magazine « Salut les Copains »
Au début de l’été 1962 paraît le premier numéro du magazine « Salut les copains » avec en couverture Johnny Hallyday. Entourés d’une petite équipe, Daniel Filipacchi et son complice Frank Ténot, alors détenteur de « Jazz Magazine », publient une sorte d'ébauche qui reflète ce que les auditeurs apprécient dans l’émission. L’investissement financier est personnel, car cette initiative n’est pas soutenue par la station Europe 1, mais Filipacchi comme Frank Tenot croient dur comme fer au succès de ce nouveau mensuel qu’ils décrivent comme le « Paris-Match » des jeunes. Pour la sortie du premier numéro, la prudence est de mise et le tirage se limite à 100 000 exemplaires. Mais oh ! Surprise, tout s’écoule en 24 heures, ce qui oblige à produire un nouveau tirage en urgence de 100 000 exemplaires. Le même phénomène se répète dès le numéro suivant et le tirage monte à 300 000, pour le numéro 3, il passe à 400 000 et à 500 000 pour le numéro 4. Lors de l’hiver 1963, le magazine se vend à 800 000 exemplaires. Un record ! « Salut les copains » devient le témoin privilégié de cette consommation de masse qui est en train de se développer et qui pousse la jeunesse à suivre la mode et tout ce qui est tendance. Alors que le transistor joue le rôle de baroudeur sur la plage ou de compagnon dans l’intimité d’une minuscule chambre, l’électrophone permet d’écouter le dernier super 45 tours de Johnny, Sylvie...
Un Contenu Original et Précurseur…
Le magazine « Salut les copains » se veut rock et s'accompagne d'interviews, de reportages et de sondages, mais aussi d'un grand nombre de photos originales. De plus, le mensuel offre la possibilité au moins de vingt ans de s’exprimer en donnant leur avis sur un disque ou un concert. De leur côté, les vedettes répondent aux questions les plus diverses sans aucun tabou. Vie privée, projets, sont passés à la moulinette, mais aussi ce qu’ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas. Les réponses sont tantôt innocentes, tantôt insolentes, et c'est ce ton-là, ces propos qui font mouches et qui créent cette proximité si nouvelle entre les jeunes lecteurs et leurs idoles. Les anecdotes sont nombreuses et la présentation générale du magazine attrayante. Toutes les idoles du moment répondent « présent ! » simplement pour apparaître dans les colonnes du magazine. En complément de cet univers entièrement dédié à la chanson, « Salut les copains » parle aussi cinéma. Les stars du grand écran sont alors plébiscitées par le magazine. Filipacchi voit cela comme une complémentarité naturelle. À cette époque, Belmondo, Delon, Bardot, Deneuve mais aussi Steve McQueen ou James Dean représentent la jeune génération montante du 7e art. La chronique « Cinémascope » est là pour proposer sa sélection de films, pour présenter une ou deux interviews exclusives ou pour partager de longs reportages avec ses lecteurs.
Photographe Attitré, Jean-Marie Perrier
Dans l’équipe de Filipacchi, le photographe autodidacte Jean-Marie Perrier va jouer un rôle actif auprès de « Salut les copains ». Filipacchi et Perrier se connaissent depuis 1956, quand le photographe était assistant pour « Jazz Magazine » et « Marie Claire ». Les photos contenues dans « SLC » jouent un rôle aussi important que les textes. Filipacchi est le premier à comprendre l’impact de l’image chez les jeunes et son choix se pose tout naturellement sur Jean-Marie Perrier en qui il a confiance. Ce dernier va devenir en quelque sorte le premier photographe officiel du magazine en réalisant la grande majorité des clichés. Perrier a du talent, dont celui de créer une complicité assez unique avec la plupart des vedettes qu'il photographie et ce qu’il réalise avec elles fait alors toute la différence. Les mises en scène photographiques sont très étudiées avec des tenues et des décors parfois surprenants. De nombreuses photos feront date, dont la plus spectaculaire sera réalisée en avril 1966. Pour marquer le 4e anniversaire du magazine, Jean-Marie Perrier réussit un pari audacieux, celui de réunir toutes les vedettes de l’époque dans un seul cliché. Ils seront 46 à accepter l'invitation. Seuls Frank Alamo et Nino Ferrer seront absents du célèbre cliché célèbre de SLC Mag.
• Photo du siècle : L'appellation de photo du siècle est donnée à une photographie de groupe publiée en juin 1966 dans le magazine Salut les copains. Prise par Jean-Marie Périer, elle montre 46 vedettes yéyé de l'époque. La photo est prise le 12 avril 1966, au Studio Mac Mahon, rue des Acacias, dans le 17e arrondissement de Paris. Elle est publiée en juin 1966 comme poster central du numéro spécial du mensuel, afin de fêter le quatrième anniversaire de sa parution, sur une idée de Daniel Filipacchi. Regrouper les vedettes pour la prise de vue a, selon Périer, pris trois semaines. Certaines vedettes d'abord pressenties n'y ont pas pris part, volontairement ou non : Nino Ferrer, qui ne veut pas être associé à la vague yéyé, ne décline pas mais arrive en retard, Frank Alamo fait son service militaire, Petula Clark, de retour des États-Unis, arrive après la prise de vue. Plusieurs chanteurs absents connaîtront un succès peu après : Jacques Dutronc (son premier EP Et moi, et moi, et moi est sorti en juin 1966), Michel Sardou, Julien Clerc et Michel Polnareff. Jean-Marie Périer veut mettre Johnny en valeur (« Salut les copains, les années 1960, c'est d'abord Johnny »), mais est soucieux d'éviter toute vexation de vedettes aussi populaires que Claude François ou Richard Anthony.



